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À toi,
1958

Ce recueil empreint de ferveur ailée et magnétique, écrivait Philippe Jaccottet à sa sortie en 1958, est dédié à l’artiste-peintre Manina, passante explosive et muette à la majestueuse lenteur quand Alain Jouffroy la découvre pour la première fois. Manina lui deviendra l’épouse des grands jours, l’amante des sous-bois et des fougères, la mesure paisible qui définit sa fenêtre et sa flamme. « En cette nuit où nous nous sommes rejoints / Sous l’étang de nos yeux / Notre regard a rencontré l’étoile et son cadran / Onze fois dans le coeur le coup a retenti / Onze fois la terre a tourné / Onze fois l’aube a touché nos tempes/ Et la grande mouette annonciatrice du voyage / S’est jetée affolée contre nos vitres ». Cette litanie de l’adoration, moment vécu de l’illumination amoureuse s’expose comme une célébration de la femme aimée dans ce lieu propice aux émois qu’est Venise. Voilà un chant d’amour écrira Jouffroy, un miracle éclairci des jours « qui m’élève au-dessus de moi-même et me fait entrer quelquefois dans les régions les moins fréquentées de l’esprit ».