Ce recueil comporte les premiers écrits du jeune Alain Jouffroy, âgé de 19 ans. Ils sont composés de fulgurations poétiques consignées à l’origine sur ses carnets personnels des années 1947-1948. Quelques-unes de ces prises de notes rapides furent publiées en février 1948, en fac-similé dans le deuxième numéro de la revue Néon, puis dans le troisième, assorties d’une illustration de l’artiste surréaliste Toyen. En 1966, René Magritte les accompagnent de sept eaux-fortes à l’enseigne du Soleil Noir de François di Dio. Jouffroy révélera plus tard la clé de leur intitulé et de leur tonalité tragique, évocation par antiphrase de l’état de déréliction et de désespoir d’un jeune homme errant dans les rues du Paris de l’après-guerre : « C’est l’aube à l’antipode parce qu’ici à Paris c’est la nuit. » Mais ce titre joue également comme référence secrète à la Délie du poète lyonnais Maurice Scève, particulièrement à son poème CCCXLVI murmurant : « Quand sur la nuict le jour vient à mourir, Le soir d’icy est Aulbe a l’Antipode ». Dans ce recueil du Soleil Noir, la poésie est essentiellement comprise comme accélérateur de la fin de soi et du monde : « Je ne cherche dans la progression géométrique de mon écriture, qu’à ressentir le choc déjà éprouvé quand, dans le rêve, une balle pénètre mon cœur. » ( Alain Jouffroy, Clé de contact )












