Composé au cours de l’année 1964, publié l’année de la mort d’André Breton en 1966, ce recueil d’Alain Jouffroy dialogue avec les eaux-fortes du peintre Wifredo Lam qui ont valeur de résonance avec le fond autobiographique sur lequel s’enlève le poème, à lire comme une remise en perspective, élargie aux dimensions du rêve, de la première rencontre du poète avec André Breton. Son phrasé lyrique, avec une rare énergie expressive conte ce matin de l’été 1946, instant de charme et de révélation qui décida de la vie entière du jeune Alain Jouffroy : « J’ai tout appris de la foudre. Elle seule m’a rencontré dans l’entrée du Grand Hôtel d’Angleterre. Il était neuf heures du matin au clocher de Huelgoat. […] Rencontrer Breton par hasard. Voilà le hasard multiplié par cent mille bornes kilométriques : j’avançais sur cette route objectivée en plein vent par la destinée. » André Pieyre de Mandiargues à qui Jouffroy confie le manuscrit de son poème avant publication, en fut quelque peu secoué. Le 15 janvier 1967, dans une lettre au poète, l’auteur de La Marge avoue : « Je viens de lire encore, de relire à haute voix, L’Antichambre de la nature, et mon admiration pour ce poème croît sans cesse. […] Aucun poème français depuis le Soleil de Ponge ne m’a donné le « coup de foudre » comme celui-là. »











