Dans cet essai critique mêlé de considérations personnelles sur la poésie et l’avant-garde, essai fort discuté lors de sa parution, donnant lieu à un grand débat théorique de fond parfois houleux, l’auteur a voulu unifier sans trahir : associer Breton et Bataille, Artaud et Michaux, réactualiser la poésie de Louis Aragon et tenter de dévoiler l’unité secrète de la pensée de l’auteur de la Diane française derrière les contradictions manifestes du personnage inféodé lourdement au stalinisme. Pour Jouffroy, la conduite d’Aragon relève d’une liberté déchirante qui n’aurait cessé de s’opposer au poète lui-même, dans un mouvement identique à celui qui conduisit Isidore Ducasse de l’écriture des Chants de Maldoror à celle des Poésies. Par ailleurs, l’auteur évoque à bon droit la spécificité unique du surréalisme au sein des différentes avant-gardes d’alors, et détaille par le menu les formes de discrédit qui, en 1970, frappent ce mouvement vilipendé par la revue Tel Quel. En effet, la Fin des alternances dénonce les tentatives de dénaturation de la pensée de Breton, en particulier la grille de lecture univoquement marxiste-léniniste que Philippe Sollers croit pouvoir faire du surréalisme. En outre, le livre démonte l’incompatibilité que Tel Quel a tenté d’établir entre les pensées d’André Breton et de Georges Bataille en reprenant certaines vieilles thèses accusatoires, celles de Pierre Naville et d’Henri Barbusse en 1925.


