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Le silence n’est
jamais d’or,
ill. Bruno Mathon,
1995

Dédié au peintre Bruno Mathon qui l’accompagne de onze eaux fortes, ce poème en vers libres d’Alain Jouffroy semble être un autoportrait pudiquement tracé. Il présente l’état des dispositions mentales d’un poète toujours résolu à penser par sa propre tête. Contrairement à l’adage, le silence, écrit Jouffroy, n’est pas d’or, la parole n’est pas d’argent, la poésie n’est pas un monument. Déployé calmement, à proportion des rapports qu’il se dicte lui-même, le poème déroule de discrètes passerelles en direction de Nietzsche et de Rimbaud, mais s’ arrime également à un lieu familier. Entre ses lignes, passent en effet quelques images évocatrices de la maison normande de Jouffroy, Les Hauts-Vents, havre de douceur où le poète et Bruno Mathon se retrouvaient de temps à autre, attentifs à la matière même de l’air, du ciel et de la brume. L’apaisement se fait sentir dans ces pages qui ne veulent plus juger. Elles font de ce poème-confession un exercice du lien, une façon d’habiter le monde sous son jour le plus nu, d’entrer dans le corps du réel comme le montrent certaines œuvres parmi les plus magnétiques de Bruno Mathon. « Les choses étrangement nous attendent. Dans l’obscurité réticente des maisons. Les choses ne nous accueillent pas. Nous seuls les dérangeons. »