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Le Temps d’un livre,
(1966) 1993

Livre autobiographique étrangement beau et fascinant, celui d’une aventure intérieure écrit comme à l’insu de son narrateur que l’on voit déambuler entre plusieurs miroirs déformants et révélateurs. Ses pages baignées d’une atmosphère de suspens évoquent les années de jeunesse (1946-1949) d’Alain Jouffroy, alors jeune marginal désargenté, exclu du foyer familial, aux prises avec la faim et les tentations suicidaires. Ivan, alias romanesque du poète Stanislas Rodanski et compagnon d’infortune du narrateur, est la figure-clé du récit. L’action qui a lieu dans le Paris de l’immédiat après-guerre retrouve par endroits des accents nervaliens de haute volée, le Nerval des Chimères et d’Aurélia, dont le spectre glisse du côté de la rue de la Vieille Lanterne, de l’impasse de l’Enfant-Jésus, de la rue du Dragon où les deux protagonistes jouent à quitte ou double, éprouvant les limites d’une amitié inquiétante, violemment nihiliste et autodestructrice, avant que le narrateur ne s’en défasse pour revenir à la clarté de l’aube.