Les poèmes de ce recueil ont reçu l’empreinte d’une utopie tôt exprimée par Jouffroy : fonder une République en paroles et proposer (ainsi le demandait Louis Aragon en 1924 dans La Révolution surréaliste) une nouvelle déclaration des droits de l’homme. La dimension politique des plus véhéments poèmes de Liberté des libertés paraît d’autant plus insolente et à contre-courant de l’époque, que les révolutions politiques ont subi d’indiscutables échecs de part le monde. La mort du Che, la sanglante normalisation de Prague, la sclérose généralisée des démocraties populaires d’URSS et de Chine, en dépit de l’engouement et des bouffées délirantes que suscite alors la figure de Mao dans l’intelligentsia parisienne, semblent avoir tué tout espoir de révolution vraie. Conscient de cet effondrement général des idéaux d’émancipation, Jouffroy en appelle à une « révolution dans la révolution ». Quant à l’individu, invité à disjoindre les pensées monolithiques en refusant l’esprit de sérieux, il demeure ce cheval de Troie de l’utopie où se prépare de nouvelles insurrections. Telle s’avère la tonalité de ce recueil poétique qui comporte, entre autres écrits, Le corps du texte dédié de façon un peu taquine à « Philippe Sollers qui n’y comprend rien » et dans lequel il est dit que « L’exigence de révolution est le sommet inaccessible du RIRE ». Le corps du texte voisine avec Le point commun qui s’origine dans un dialogue poursuivi avec Louis Aragon. Il reste à ce jour l’un les plus profonds poèmes composés par Alain Jouffroy.





