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Manifeste de la
poésie vécue,
1994

La certitude que la poésie se manifeste comme alerte, éveil ; la certitude qu’elle ne peut abandonner le réel impunément et qu’elle ne perd rien à se confondre avec le halètement de la vie introduisent au Manifeste de la poésie vécue. Toute création poétique est anticipée par une expérience vécue qu’elle prolonge avec intensité, hors des normes, des codes et des modes - de la même façon, déclare Jouffroy, que le voyage en Orient de Nerval précède ses Chimères, que les coups de revolver de Verlaine résonnent dans la Saison en enfer de Rimbaud, et que se taisent les exterminations nazies derrière les poèmes de Paul Celan. Sous la forme d’un essai délié, ce manifeste convoque une grande diversité de poètes et de pratiques poétiques du XXe siècle. Sans céder aux démangeaisons polémiques, il convie le lecteur à questionner plusieurs points d’importance que sont la perte des pouvoirs de l’écrit enseveli sous les déluges de l’image et (déjà !) du tout-écran, les dégâts de l’introspection complaisante et ses dérives narcissiques, encore la possibilité d’une poésie nouvelle, vécue comme satori, et enfin, l’appel à cette vérité de l’extérieur absolu qui illumina Fernando Pessoa sur les hauteurs de Lisbonne. Selon l’auteur, il ne s’agit plus désormais pour la poésie de dévoiler le fonctionnement réel de la pensée, mais de porter « l’empreinte visible ou invisible, d’une lecture permanente du réel tout entier ».