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Trajectoire, récit récitatif,
1968

Ce poème-fleuve en prose, récit-récitatif indique son sous-titre, disposé en in-folio à l’italienne, composé entre janvier et juin 1967, fait entendre l’idée que la voix personnelle d’un poète n’est pas toujours faite pour porter l’écho d’un seul individu. Dans ces pages, l’histoire personnelle de l’auteur se confond avec celle de tous, de sorte que Trajectoire joue ici son rôle de fil conducteur magnétique et surtendu pour dire au plus réfractaire des hommes la possibilité de se lier à la plus collective des révolutions à venir. Ce type d’écriture sismographique, circonstancielle, désireuse de briser la clôture du champ poétique n’exclut rien de tout ce qui peut brusquer, interrompre ou bouleverser soudainement la pensée. Sa climatique mentale anticipe la flambée de mai 1968, et sa pratique scripturale forme un collage verbal dans lequel toutes les paroles énoncées au quotidien, des banales aux sublimes sont ici reconnectées entre elles dans une relation de co-présence sauvage qui n’est pas sans rappeler certaines expérimentations narratives de Jean-Luc Godard. « J’ai donc suivi la trajectoire invisible des idées révolutionnaires, qui se poursuit, aujourd’hui, dans la trame des événements et des œuvres. J’ai voulu en faire apparaître la violente continuité, au sein de toutes les discordes, et pour cela, j’ai juxtaposé, page après page, ma vie et celle du monde » dixit Alain Jouffroy.