Quelques-uns des écrits critiques les plus affûtés d’Alain Jouffroy ont été rassemblés ici, par lui-même en 1974, pour éclairer les développements de la scène artistique de son temps. Dans sa tonalité générale, Les Pré-voyants prolonge intelligemment la réflexion critique de L’Abolition de l’art dont Jouffroy rappelle les enjeux dans son Introduction à la pré-voyance. La table des matières de cet essai captivant, illustré de très nombreuses photographies en noir, distingue trois catégories d’artistes qui ont, chacun dans leurs domaines d’expression respectifs, suscité le plus vif intérêt du poète : les Objecteurs Spoerri, Dietman, Arman, Kudô, Raynaud et Duchamp ; les Visionneurs au nombre desquels Erro, Fromanger, Monory, Stämpfli ; enfin les Pré-voyants Adami, Hains, Lichtenstein, Warhol, Rauschenberg, Fahlström, Baruchello, Veličković, Recalcati et Raysse. Les peintres, écrit Jouffroy en 1973, « étaient peut-être des voyants parce qu’ils rendaient visibles ce qui ne l’était pas, aujourd’hui ils sont condamnés à devenir des pré-voyants. Voir, faire voir ce qui est visible ne suffit plus. Il faut rendre sensible ce qui va l’être, devancer l’événement, sinon le susciter. »







