Dans ce livre articulé autour de six chapitres, « six initiateurs » que sont Duchamp, Picabia, Brancusi, Klee, Ernst et Michaux, Alain Jouffroy a regroupé ses textes critiques composés entre 1953 et 1964 de façon à présenter un choix personnel de créations modernes et d’avant-garde. Il s’agit pour le poète et critique d’art de mettre en lumière les œuvres qui ont su faire rayonner une nouvelle image de l’homme, et de célébrer la puissance d’invention de leurs créateurs tels Hans Bellmer, Wifredo Lam, Matta, Germaine Richier, Enrico Baj… Familiarisé avec les recherches picturales les plus en pointe de son temps, ouvert à tout l’arc de modernité de cette fin des années 1960, Jouffroy consacre également le rayon invisible d’un nouveau et futur surréalisme qu’il pronostique plus explosif et déconcertant que le premier, bien qu’existant déjà « à l’état latent dans les nouvelles expressions artistiques de nombreux jeunes artistes ». En outre, il révèle les jeunes créateurs qui ont pour nom Arman, Hundertwasser, Dufrêne, Piqueras, Jasper Johns, Spoerri, Rauschenberg, Tinguely… L’autre force de ce recueil de 1964 qui est alors la meilleure étude publiée en France sur la nouvelle peinture américaine, est d’avoir cherché à dépassionner la rivalité artistique entre les deux grandes écoles de l’art, celle de Paris, cosmopolite et ouverte, et celle de New-York formidablement novatrice mais dont l’agressivité commerciale et le chauvinisme obéissaient en pleine période de Guerre froide aux impératifs du soft-power américain.



